mercredi 15 mai 2019

82 jours plus tard



82 jours d’hivernage,  157 jours à DDU

Voilà  bien longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles ici.
La principale raison à cette absence c’est le changement de rythme, la cadence était très soutenue pendant la campagne d’été, Avec le début de l’hivernage la contrainte n’est pas la même, la relève et le matériel n’arrivant que dans huit mois. Nous avons plus de temps  J’ai donc remis au lendemain plusieurs fois l’écriture de l’article pour profiter au maximum de la base et des alentours mais a un moment il faut s’y mettre. Je vais donc essayer de faire un résumer des dernières semaines écoulées depuis le départ de l’Astrolabe.
Lever de soleil sur le glacier de l'Astrolabe

Au boulot il y eu une grosse période d’activité, j’ai passé un mois à changer les chaînes de chenilles sur la chargeuse, le gros chantier de cette année pour le garage en plus de quelques modifications. Les journées s’enchainent à un rythme très élevé, les semaines s’étirent en mois. J’ai également préparé la plupart des véhicules pour l’hivernage dans le hangar engins à l’abri (relatif) du vent et de la neige, j’ai encore quelques chantiers à réaliser avant la fin de l’hivernage.
La météo pendant le mois de Mars à été très régulière deux jours de tempête puis deux jours de nuages et de catabatique et enfin deux jours de relativement beau sans trop de vent. En avril en revanche le temps à été moins clément, avec plus de coup de vent et plus long. On a débuté le mois avec une tempête de 4 jours avec des vents moyen de plus de 50 kt ( 92 km/h) et des rafales à 106 Kt (196.3 km/h).  Mercredi 17 avril on a essuyé une belle quantité de neige, en deux jours la neige est tombé en quantité, avec le vent sur la base les congères de 4m sont apparues derrière certains bâtiments, il faudra faire un peu de déneigement avec les machines, le matin une grande partie de la base était occupée à dégager les accès aux bâtiments et les passerelles.  Depuis un mois environ les tempêtes se font moins fréquentes, en revanche les températures descendent aux environ de – 20°C (record – 24.4° le 4 mai) et ne remonte plus au dessus de – 5° les jours les plus chaud. La neige tombe également  plus souvent.
L'ile des pétrels séparée du continent

L’ambiance au sein de l’équipe est toujours bonne, il ne se passe pas une journée sans une bonne tranche de rire. Quelques soirées sont également venues égayer les samedis soirs : anniversaires, fête ou soirées costumées nous avons donc eu la Saint Patrick, une soirée polynésienne,  les bronzés font du ski, divinités ….
La nuit polaire prend doucement ses quartiers, on perd environ huit minutes  de soleil par jour, ça ressemblais pendant un temps à ce qu’on pouvait avoir en France en hiver mais depuis quelques semaines c’est bien plus prononcé. Aujourd’hui le soleil se lève à 9h50 et se couche à 15h21, même au zénith le soleil n’est pas très haut L’après midi ressemble à un très long crépuscule
Aurore australe
Le gros avantage d’avoir plus de nuit c’est que le créneau pour l’observation des aurores australes sont plus important, malgré que l’on soit cette année dans une période de faible activités solaire, on a quand même eux le droit au spectacle saisissant des voiles verts dansants dans la nuit
Aurore au dessus du Lion
A force de subir les assauts répété la banquise pluriannuelle à fini par débâcler complètement autour de l’ile des pétrels en mars, nous sommes redevenus temporairement une ile, dès que le vent tombe la banquise se reforme, mais se désagrège quand le catabatique reprend. Pour que la banquise se forme il faut que l’eau de mer atteigne une température de -1,8°C sur l’ensemble de la hauteur de colonne d’eau.
Les pancakes, début de la formation de la banquise
Depuis quelques semaines le temps est moins venteux les tempêtes moins fréquentes la banquise à réussi à se reformer d’abord à certains endroits abrités,  entre les iles principalement, ensuite jusqu’à l’horizon. On distingue encore une ligne foncée juste sous l’horizon qui nous indique la polynie distante de plus de 11km.
Les premières sortie banquise ont pu avoir lieu jusqu’à la manchotière dans un premier temps puis les iles proches. La semaine dernière une équipe à parcourut les 5 kms qui nous séparent du continent pour reconnaitre un axe jusqu’au continent et  la base Prud’homme.
Les premiers pas sur la banquise sont très impressionnants, venir marcher à l’endroit même ou quelques jours plus tôt il y avait la mer et se demander si cette couche de glace va tenir sous son poids. Des forages sont effectués très régulièrement pour s’assurer de l’état et l’épaisseur de la banquise,  pour les premières sorties il y avait 30 centimètres  de glace, la banquise atteint maintenant 70 à 80 centimètres  par endroit.

Manchot Empereur
Coté faune c’est beaucoup moins varié, les adélies sont partis pour la plupart en même temps que l’Astrolabe, tant que l’eau libre était proche on a vu quelques individus autour de la base. Les Skuas antarctiques ont trainés un peu plus mais ont finis par partir, comme les pétrels des neiges et les damiers. Ils nous arrivent de les apercevoir quand la polynie est proche de la Base, mais ils se font plus rares. Avec le départ des poussins adélies on a eu la visite  de deux léopards de mer, le chasseur par excellence dans la zone de banquise. Du coté des arrivées nous avons maintenant les manchots empereurs, eux arrivent au début de l’hiver pour se reproduire, ils passent la saison nocturne dans la manchotiere, sans avoir la possibilité de se nourrir pendant une période assez longue. Les œufs sont en cours de ponte, rapidement récupérés par les males alors que les femelles repartent en mer se nourrir et ramener de la nourriture pour la future progéniture.

Méfiance à l'approche des hivernants
Avec le retour de la banquise les manips ont repris hors de la base notamment pour Virgil et Douglas, les deux ornithos, qui était impatient d’aller voir ce qui se tramait du coté de l’ile Rostand où les empereurs tiennent villégiature cette année encore. J’ai pu les accompagner et travailler en particulier avec Douglas, qui étudie le chant des manchots, afin de suivre les même individus toute la saison, il faut marquer avec de la peinture les manchot qui ont été transpondés les années précédentes. Il a donc mis en place une antenne sur laquelle les manchots passent. Ils arrivent en colonne sur un rang ce qui facilite un peu la manip. Je devais donc indiquer à Doug lequel était transpondés, il leur appliquait ensuite de la peinture sur le poitrail à l’aide d’une longue perche. Comme seul un faible pourcentage de la manchotière est équipée, il faut patienter un long moment dans le froid en attendant qu’un client se présente, parfois sans faire de marquage pendant plusieurs heures
La pelle : notre précieuse alliée (photo@Mravitch)
Une autre sortie sur la banquise à été conduite également à proximité de la manchotière pour déneiger un abri, pour les manipeurs, et en particulier les ornithos. La cabane n’avait pas été déneigé depuis 3 ans il y avait donc de quoi faire 
La fine équipe au fond du trou (photo@Mravitch)

3 commentaires:

  1. Salut à toi l'hivernant ! Merci pour tes articles on a l'impression de faire partie de l'aventure. Peux tu nous en dire plus sur les conditions de vie, l'utilisation de l'électricité, de l'eau, des vivres... aussi as tu pu t'aventurer un peu plus dans environs, en raquettes/motoneige ?
    Une journée type se déroule comment ? Est ce que les animaux aux alentours sont curieux ?
    En languissant la suit, bien courage à toi.
    Adelin

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  2. c'est avec curiosité et grand plaisir que grâce à tes récits fort bien tournés, aux photos, je découvre un peu de ton "univers" du moment.... et je m'instruis. merci. je te souhaite encore beaucoup de très beaux et bons moments. Josette (oui, la collègue et amie de tes parents, marraine de Sylvain).

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  3. Super, beau texte et belle photo. heureux d'avoir de tes nouvelles, avec la qualité.

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