mardi 26 février 2019

Et soudain le silence


Vendredi 22 février, il est 6h je sors du dortoir pour aller prendre le quart à la centrale. Dehors le soleil est déjà haut dans le ciel et brille sans concurrence, aucun nuage d’un horizon à l’autre. Le vent est tombé, la mer est plate, sans une ride,  la température est agréable, environ cinq degrés négatif.

Pourtant la base a changé, tout est calme très tranquille.

Les adélies se font rares sur le haut de la base, pas un véhicule ne circule, l’hélico est parti. Un sentiment m’envahis je suis frappé par le silence, je n’y avais jamais vraiment fait attention.                             
                                            
Tout cela je le redécouvre dans la fraicheur du matin, ça y est l’hivernage a commencé.
Depuis la veille au soir nous sommes vingt-trois, vingt-trois hivernants isolés sur un morceau de rocher, seuls pour huit mois sans ravitaillement possible. La base la plus proche est Casey, station australienne à mille kilomètres à l’ouest.

Le dernier bateau appareillé à 21h30, emportant avec lui les derniers campagnards d’été, dans la pénombre naissante nous saluons le départ avec quelque flares, l’image est exceptionnelle, le temps est très antarctique, le catabatique bien établi traverse les couches de vêtement, un plafond nuageux assez bas cache la lune.

Dernier appareillage de L'Astrolabe pour la CE 18/19   crédit photo Gaëtan Heymes


En remontant au séjour, un sentiment d’euphorie  semble nous envahir, ça y est l’hivernage est lancé, nous sommes contents, voilà presque trois mois que nous sommes arrivés ici, plus longtemps même pour certains, et le moment que l’on attendait arrive finalement. On traine un peu dans la nuit, profitant de ce moment.

Feu d'artifice sur DDU   crédit photo Gaëtan Heymes

Samedi pour célébrer le début de notre aventure et changer de l’ordinaire nous faisons un barbecue au dortoir été sous le soleil magnifique et le vent qui n’est pas réapparu. Sur la mer d’huile qui nous sépare du continent, on observe les premiers pancakes de glace, début du processus de formation de la banquise, le léopard de mer vient faire quelques rides sur la surface plane de l’eau. Le moment est génial, le temps semble suspendre son cours, les rires fusent autour de la table, Bertrand notre chef cuisinier s’est surpassé comme d’habitude.

Le barbecue par -5°C  crédit photo Gaëtan Heymes

DDU est maintenant isolé pour les huit prochains mois, malgré cela les premières heures  de l’hivernage sont magnifiques, et me laissent de très bon souvenirs et des images plein la tête.

4 commentaires:

  1. Le "vrai" début de la grande aventure ?
    Très belle description...

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  2. Ça doit être impressionnant d'être isolés à ce point en étant si peu nombreux !

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  3. Comme quand tu finis un bouquin et tu attends que le suivant soit publier....
    Vite la suite des aventures!!!
    :-D

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  4. Que de bon souvenir en lisant ces quelques lignes
    Il y a 19 ans , j'y était - TA50 . Passe un très bon hivernage
    LAMI CEDRIC - LE ME-PRE DE TA50 (MECANICIEN DE PRECISION)

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